Avant de quitter Marseille, je retourne sur le vieux port à la rencontre de Pascal, un membre du forum GS qui m’a proposé de prendre un verre lors de mon passage dans sa ville.
L’Estaque n’est pas si loin mais pour retourner au centre ville, il faut reprendre la 4 voies et là encore, les valises d’Ursula sont un handicap dans les embouteillages du matin.
Pascal m’a donné rendez-vous au bar de la Marine, sur le vieux port. Pour le lorrain que je suis, le dépaysement est garanti. Nous resterons 1,5h à échanger sur nos boulots respectifs (il cherche actuellement du travail, après un contrat non renouvelé dans l’enseignement…), nos vies personnelles, nos virées en moto (il roule en 1150).
Il m’envie de pouvoir partir une semaine… Merci Pascal pour ce très bon moment et bon courage pour la suite. Peut être que nos routes se croiseront à nouveau ?…
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Aujourd’hui : petite étape : 210 km |
Sur la 4 voies qui file vers Martigues et Fos-sur-Mer, les paysages ne sont vraiment géniaux.
Gros centres industriels et portuaires, les premiers me font penser au Nord de la Lorraine. Je me rappelle que de nombreux sidérurgistes licenciés se sont vus proposés un poste par ici au moment du démantèlement de l’industrie lorraine. Ceux qui ont acceptés ne doivent pas être trop dépaysés…
Pas moins de 12 sites Seveso (présentant un risque d’explosion, d’émission de gaz toxiques ou d’incendie) et quelque 62 sites industriels sont recensés à proximité des habitations à l’ouest de l’étang de Berre. L’endroit est qualifié par certains comme la zone la plus polluée de France ! (lire l’article de rue 89 : A Fos-sur-Mer, « pourquoi tout le monde meurt d’un cancer ? ») Au fait vous pouvez quand même aller à la plage à Fos…
D’interminables lignes droites me conduisent rapidement à Arles. Ces 4 voies avec terres pleins centraux me rappellent les routes américaines.
Le Mistral m’oblige à rester vigilant, de violentes bourrasques me déportent régulièrement. En voiture par contre la monotonie de la route doit en assoupir certains…
Je franchit le Rhône à Arles que je traverse sans m’arrêter. En effet c’est là que je passerai la nuit.
Je roule maintenant en direction des Saintes-Maries-de-la-Mer (la seconde commune de France métropolitaine en superficie, après Arles).
Le paysage est complètement différent : des marais, des roseaux ; pas de doute, je suis bien en Camargue. Si la flore est typique de la région, la faune est presque totalement absente. Je m’attendais à rencontrer des taureaux, des chevaux… Pour les premiers, je n’en ai vu qu’une dizaine dans un parc et les seconds sont tous enfermés dans les fermes équestres qui pullulent le long de la D570, en attendant les touristes.
Chaque 25 mai, plus de 10 000 Roms affluent du monde entier vers les Saintes-Maries-de-la-Mer pour vénérer leur sainte Sara la Noire ou Sara-la-Kali, et baptiser leurs enfants selon le rituel catholique.
J’imaginais que ce pèlerinage laisserait une trace, que l’esprit gitan hanterait un peu ces lieux, comme celui des personnalité qui ont séjourné ici : Van Gogh, Picasso, Hemingway, Bob Dylan… : en réalité, je n’ai trouvé qu’une ville sans grand intérêt…
Les terrasses de cafés sont séparées de la méditerranée par une haute digue qui protège les Saintois des assauts d’une mer envahissante. Je n’ai même pas envie de rester…
Cet endroit est également l’endroit le plus au sud de ma virée. A partir de maintenant, cap au nord. J’immortalise l’instant.
Je me lance sur quelques pistes faciles, espérant trouver une Camargue plus sauvage, plus authentique, mais pas de chance, celles ci se révèlent souvent être des culs de sac…
Au Sauvage, la traversée par le bac à roues à aubes apporte un intermède inattendu. Il relie les deux rives du Petit-Rhône (traversée de 230 mètres en quelques minutes)
Il circule fixé le long d’un câble, sans possibilité de direction. Il est guidé par des roues sur galets pour l’aider dans sa progression, car le courant est fort dans cette partie du Rhône.
En reprenant la direction d’Arles j’aurais quand même le plaisir de longer un étang envahi par des flamands roses. Malheureusement la circulation est redevenue importante et les accotements ne me permettent pas de m’arrêter à l’endroit voulu.
Les flamants ont niché pendant des années sur des îlots naturels en Camargue. Mais l’endiguement du delta du Rhône a fortement contraint les évolutions naturelles de la Camargue. La construction de digues afin d’éviter les crues et l’incursion d’eau salée a aussi fait progressivement disparaître les îlots qui se formaient naturellement. C’est pourquoi les flamants finissent par ne plus nicher en Camargue.
Mais en 1969 ils reviennent et colonisent un îlot. Cet îlot est cependant trop petit pour toute la colonie et de nombreux couples sont contraints de s’installer sur une digue avoisinante et ne parviendront pas à se reproduire.
Un organisme réfléchit alors à une manière de faire à nouveau nicher les flamants dans un site qui assurerait le succès de la reproduction. Il propose en 1970 au groupe SALINS, qui assure la production du sel à Salin-de-Giraud, la construction d’un îlot sûr.
500 nids artificiels sont fabriqués sur un îlot de l’étang du Fangassier. Cette expérience est un succès : les flamants s’y installent en 1974, de manière irrégulière d’abord, puis en 1976 ils en font leur principal site de reproduction.
Je continue ma balade par Saint Laurent d’Aigouze.
Ce gros bourg est la capitale officielle de la Course camarguaise : un sport dans lequel les participants tentent d’attraper des attributs fixés aux cornes d’un taureau. Ce jeu sportif, sans mise à mort n’a rien à voir avec la corrida…
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Les traditions locales se retrouvent jusque dans les panneaux… |
Mon grand plaisir de ce genre de balade, c’est aussi de m’arrêter dans des cafés déserts. Ça tombe bien, il y en a qui me tend les bras avec sa terrasse sous les platanes : "le café du midi".
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Nature morte provençale (dans le verre c’est de l’eau, je le jure…) |
Il n’est que 14h30. J’ai largement le temps d’aller faire trempette. Bon les plages les plus proches ne me font vraiment pas rêver… Le Grau-du-Roi, la Grande motte : je m’étais juré de ne jamais y mettre ma serviette. Mais sur Googe Maps, je trouve une plage un peu à l’écart, au sud du Grau-du-Roi. Je laisse Ursula aux bons soins d’un gardien de camping et après 3/4 d’heure de marche, je découvre une plage relativement tranquille, essentiellement occupé par des Kit-surfeurs.
Le spectacle est vraiment chouette avec des dizaines et des dizaines de voiles dans le ciel. La mer relativement formée offre la possibilité aux meilleurs de s’éclater dans les airs.
J’en profite pour lire "Indignez-Vous" que j’avais embarqué dans mes affaires.
Je reste 2 bonnes heures sur cette plage. Entre lecture, baignade, contemplation, le temps passe vite. J’évite soigneusement de tourner la tête vers la droite où s’étale l’architecture hideuse de la Grande Motte.
En fin d’après, je reprends ma route vers Arles. Et je m’aperçois que je tombe en plein dans Les Rencontres d’Arles (Rencontres internationales de la photographie). Plutôt que la plage, j’aurais mieux fait d’aller voir l’une des 47 expos…
Vers 19h00, j’arrive chez Gilles (forum GS) et son épouse qui m’accueillent à bras ouverts. Je peux enfin me laver et me "désaler". Ils habitent dans un quartier calme, légèrement excentré, et le diner sur la terrasse est trés convivial grâce à leur bonne humeur permanente. Le gratin tomates-courgettes est un régal !
Gilles est un vrai motard : kiné de son état, il fait ses domiciles en GS presque 12 mois sur 12. Il a derrière lui un long passé motocycliste avec beaucoup de montures différentes et quelques chutes sévères à son actif, mais il apprécie toujours autant ce moyen de locomotion. Il prévoit de prendre sa retraite l’année prochaine, à quelques dizaines de kilomètres d’ici.
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