On dirait le Sud - Sept 2011 (6/7)



Au réveil de ce 6e jour, je remercie Gilles pour et sa femme pour leur accueil.
Je le regarde partir au travail sur sa GS (30e anniversaire). Après avoir eu une GSA qu’il trouvait trop grosse pour lui, il est revenu à un gabarit plus raisonnable.
Parcours de la journée

Je quitte Arles sans l’avoir visitée. C’est dommage, cette ville a plus de 2 500 ans. Des monuments remarquables ont été construits pendant l’Antiquité à l’époque romaine, comme le théâtre antique, les arènes ou encore le cirque romain. En 2008, le plus vieux buste connu de Jules César a été découvert dans le Rhône.

La commune d’Arles présente également la particularité d’être la commune la plus étendue de France métropolitaine avec ses quelques 758 km2 (Paris = 105 km2 !).















Mon tracé me fait passer pas trés loin des Baux-de-Provence avec ses masses rocheuses si caractéristiques. Les 22 habitants qui vivent encore dans l’enceinte des Baux doivent se sentir envahis par le million et demi de visiteurs annuel !
A St-Rémy-de-Provence, la route coupe le site archéologique de Glanum. Cette cité antique était une ville sanctuaire au carrefour de deux voies antiques reliant l’Italie à l’Espagne.
À l’entrée du site, on aperçoit le mausolée et l’Arc de triomphe. Celui ci, à l’entrée de la petite ville, enjambait la voie romaine d’Arles à Milan. Une source sacrée était vénérée par les Gaulois puis les Romains, les vétérans des légions venaient d’ailleurs y faire soigner leurs blessures.
Peu de temps après, je m’arrête pour un café sous les platanes… La patronne est adorable, on discute un moment. Je suis partagé entre l’envie (et la nécessité !) de reprendre la route et la volonté de prolonger ce moment de félicité.
Sur la 4 voies entre Avignon et Carpentras, j’aperçois pour la 1ère fois mon prochain objectif : le Mont-Ventoux. Je suis passé à plusieurs reprises au pied mais cette fois c’est décidé : j’y monte !
Après Carpentras, les vignobles apparaissent : ils produisent l’AOC "Côtes du Ventoux".

Le début de l’ascension se rapproche. Les premiers cyclistes apparaissent, il y en aura jusqu’au sommet.

Individuellement ou en petits groupes, j’imagine bien que pour certains, c’est un véritablement défi qu’ils se sont lancé. Surtout qu’en cette période de l’année, beaucoup avouent un âge respectable. Leurs épouses sont stationnées le long de la route et les encouragent à leur passage.
Je m’élève progressivement et au fur et à mesure des kilomètres la végétation se raréfie. L’antenne du sommet me fait penser à un phare qui m’attire en plein jour.
J’arrive finalement au sommet du Ventoux (surnommé le Géant de Provence ou le mont Chauve) célèbre pour ses vents violents. On pourrait croire que son nom découle de cette particularité mais son étymologie signifierait « la montagne qui se voit de loin ».

J’apprends également que tout ce calcaire environnant est en réalité des fonds marins qui se sont soulevés lors de la formation des Alpes. Etonnant !
La descente est grisante avec de nouveaux paysages qui se dévoilent à chaque tournant. Je roule tranquillement pour graver tout ça sur ma rétine.
Je fais un crochet à Nyons pour aller voir son célèbre pont roman inauguré en 1409.
Surnommée « le Petit Nice » en raison d’un ensoleillement comparable à celui de Nice et de sa Riviera, c’est un site de villégiature apprécié depuis le XIXe siècle
Le pont enjambe l’Eygues, affluent du Rhône. Je remonte cette rivière par des gorges qui m’apportent une fraicheur inattendue et pour tout dire bienvenue.

Je m’arrête peu après pour déjeuner. Des travaux rendent l’accès difficile à un petit village en contrebas. Mais il a l’air charmant et à l’écart de la départementale. Effectivement, je me retrouve tout seul en terrasse, à déguster une spécialité locale : des ravioles au foie gras. Miam !
Mais la route est encore longue jusqu’à l’étape du soir. Allez c’est reparti ! Je file vers Serre et j’attaque un premier col : celui de Cabre (1180m). La route est sympa sans être exceptionnelle, les virages ne sont pas difficiles et le revêtement nickel. Juste ce qu’il faut pour bien digérer…
Par contre en basculant sur l’autre versant, je croise des sportives qui attaquent grave…
Je roule à la hauteur du Saut de la Drôme : lors d’un séisme en 1442 un glissement du flanc sud du Pic de Luc (voir photo ci dessous) se fractionne en un chaos impressionnant de blocs rocheux, créant deux lacs. Les hommes percèrent les deux barrages et créèrent ainsi le Saut de la Drôme.
Le site permet la pratique de multiples activités : via ferrata, nombreuses voies d’escalade, randonnées, baignade.
Je m’accorde une grosse demie-heurre dans l’herbe. Sans savoir que le journée est loin d’être finie…

Je refais le plein à Die (vous savez : la clairette !) et je m’élance sur la D518 à l’assaut du col de Rousset. Là encore, c’est une route que je prend pour la 1ère fois : le tracé tortueux sur Mapsource m’incitait à l’inclure dans le tracé.
Quelle bonne idée j’ai eu ! J’en ai pris plein les yeux ! 22 km d’ascension avec des perspectives différentes à la sortie de chaque lacet. Et des lacets, il y en a eu !

Je renonce à m’arrêter aussi souvent que je le voudrais, mais de temps en temps : je craque…
Le col de Rousset (1254m) est une des frontières naturelles entre Alpes du Nord et Alpes du Sud mais c’est également une véritable frontière climatique au-delà du simple phénomène adret/ubac. La végétation, le climat et l’ensoleillement sont de part et d’autre du col profondément différents puisque l’on passe d’un environnement alpin humide et rigoureux à un milieu de type provençal sec et ensoleillé.
Le col accueille une station de ski alpin : 29 pistes de tous niveaux. C’est le départ de la Grande Traversée du Vercors (GTV), qui mène à Villard-de-Lans, en ski de fond l’hiver et en VTT l’été.
Dans la descente, je longe le stade de neige Raphael Poirée (l’enfant du pays), avec des pistes de ski nordique et de chiens de traîneaux.
Je suis maintenant en plein dans le Vercors, que je traverse pour la 1ère fois. C’est en réalité un véritable paradis pour la moto : des paysages de moyenne montagne qui offrent une parfaite visibilité, avec une végétation rase et des rochers. Je plonge d’un virage à l’autre dans la lumière du soir avec les sommets alpins dans le lointain, génial !
Une chose m’embête cependant : Didier qui doit m’héberger ce soir n’a pas répondu à mes différents coups de fil de la journée même s’il m’a confirmé hier soir qu’il n’y avait pas de problème.
Je dois maintenant prendre une décision : je pousse jusqu’à l’Auberge de Jeunesse de Grenoble que j’avais rentrée dans le GPS (plus de 100 km encore et j’en ai plein les bottes) ? Je trouve un hébergement sur la route ? Je plante la tente (ça doit cailler !) ?
Ultime coup de fil à Didier : je tombe une nouvelle fois sur la messagerie. Tant pis : Je continue sur la D103 dans les gorges de la Bourne.
Je repère un gîte d’étape sur le bord de la route. Accueil moyen et ils n’acceptent pas la CB… Et là, surprise : Didier m’appelle, il m’attend.
Super sauf que… la route directe est en pleine réfection et même avec la GS, pas moyen de passer : grillage sur toute la largeur…
Demi-tour pour retrouver la déviation : plus de 3/4 d’heure sur ces petites routes avec le soleil couchant en pleine face…
Le thermomètre dégringole de 1/4 d’heure en 1/4 d’heure, j’aimerais arriver sans avoir à remettre la doublure…
J’accélère la cadence au fur et à mesure que les ombres avancent.
J’arrive finalement à la station de Villard-de-Lans où Didier et son épouse ont ouvert un magasin de déco. Seules les cimes des montagnes sont encore dans le soleil.

Leur maison est à Méaudres, à une dizaine de kilomètres. Enfin j’y suis !!!
Je suis super bien accueilli par le couple et leurs 2 garçons. Alsacien d’origine, Didier a fait le pari de s’installer ici il y a plusieurs années et pour l’instant le pari est réussi. Ils habitent une grande maison traditionnelle avec un terrain attenant qui donne sur les montagnes.
Au repas, il me parle de la région, des saisons si différentes, de la neige qu’il faut déblayer plusieurs fois par jour au cœur de l’hiver. Ils ont l’air épanouis tous les 4.
Didier planifie un voyage au Maroc sur sa GSA les prochains mois avec un copain. On parle bécane : son épouse a commencé le permis.
Ils m’ont réservé la chambre d’un des fils. Je m’endors rapidement : ça fait maintenant 6 jours que je roule entre 6 et 9 heures par jour et je commence à avoir mal un peu partout (principalement au cul et aux cervicales).

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