3 jours en Belgique - octobre 2011

Prenez :
  1. un automne comme on n’en avait pas eu depuis longtemps (avec des températures supérieures à 25° !)
  2. un hébergement sur place
  3. le musée Hergé que je rêve d’aller voir depuis longtemps
  4. un pays voisin que je connais pas
  5. les couleurs de l’automne pour traverser les Ardennes
et vous obtenez un super weekend…

Vendredi 30 septembre

Départ en début d’après midi pour 330 km de petites routes. Passage par St Mihiel, Clermont-en-Argonne. On s’arrête dans un petit café avant Sedan. Un endroit savamment conservé dans son jus depuis une cinquantaine d’année, avec une minuscule épicerie dans la pièce d’à côté. Un établissement hors du temps, loin des cafés modernes et aseptisés qui sont maintenant la norme.
Un peu plus loin, on s’arrête sous un panneau qui détonne ici et qui nous annonce les vacances de février 2012.
Nous passons la frontière franco-belge presque sans nous en rendre compte. Il est vrai que c’est une petite route forestière mais il n’y a plus de trace d’un quelconque bâtiment ou d’une signalétique. Un simple panneau européen nous indique que nous sommes maintenant chez nos voisins.

On a bêtement attendu pour refaire le plein et ça devient urgent, nous sommes sur la réserve depuis une vingtaine de kilomètres. C’est là qu’on se rend compte que l’essence est encore plus chère de ce côté de la frontière : 1,61 €/l ! Les Belges ont maintenant l’habitude de venir faire le plein en France ! C’était l’inverse il n’y a pas si longtemps…
Le parcours
Les routes sont plutôt sympas et on longe des cours d’eau bordés d’arbres qui commencent à revêtir leurs couleurs d’automne. Nous arrivons à Louvain-la-Neuve vers 19h00 et même si le thermomètre a perdu une bonne dizaine de degrés, la douceur est exceptionnelle et nous dinerons dans le jardin.
Ursula va dormir au chaud dans le garage de Vincent et Claire. Nous aurons une chambre au dernier étage. Comme beaucoup d’habitants de cette ville, ils louent des chambres à des étudiants de l’UCL (Université Catholique de Louvain).
Louvain-La-Neuve est une ville très universitaire qui manque de logements et les propriétaires bénéficient d’avantages fiscaux s’ils hébergent des étudiants.

Samedi 1er octobre
En fin de matinée, nous allons visiter le musée Hergé. Depuis que nous parlons de cette virée, c’est pour moi la motivation principale. Un grand bain de jouvance m’attend. Je me rappelle avoir dévoré tous les albums dans ma jeunesse. Ces heures de lecture, au fond de mon lit, me replongent dans mon enfance heureuse et insouciante. La visite sera t-elle à la hauteur du souvenir ?
L’architecture extérieure est vraiment sympa avec ces grands cubes qui rappellent les cases des BD.
Mais l’intérieur est aussi trés ludique avec un rappel de cette fameuse ligne claire, tant dans les formes et les motifs que dans les couleurs traitées en grands aplats.
Je découvre et m’attarde sur un aspect méconnu de l’œuvre d’Hergé : ses affiches et publicités au tout début de sa carrière.
Le musée est rempli d’anecdotes sur son enfance, ses débuts, sa manière de travailler, sa consécration…
La scénographie est particulièrement réussie. Je découvre des réalisations étonnantes : sous-marin, sculptures… Dommage que les photos soient interdites. Nous y resterons 2h1/2 avec une régression totale pour moi : qu’est ce que ça fait du bien !
On s’amuse avec les incrustations offertes aux visiteurs…
En sortant, nous ne résistons pas à prendre une bière : nous sommes le 1er octobre et il fait super bon. Les terrasses sont bondées.
En fin d’après midi, Vincent et Claire nous emmènent visiter le grand béguinage de Louvain. Le site est inscrit depuis 1998 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. L’ensemble couvre une superficie de 7 ha. Enserré par les bras de la Dyle, il a préservé 72 maisons ornées de fenêtres à meneaux. Cet ensemble égayé de puits, fontaines et statues est devenu une résidence universitaire, mais les édifices non occupés se visitent. En dehors de sa magnifique architecture, le Grand Béguinage permet d’imaginer la vie des femmes pieuses et indépendantes du Nord de l’Europe, au Moyen-âge.

Qu’est-ce qu’un béguinage ?
Au début du 13e siècle, de nombreuses femmes désirent vivre leur foi d’une manière plus radicale, mais sans entrer au couvent, en restant laïques. Elles se regroupent dans des quartiers comprenant maisons, églises, dépendances, espaces verts et ateliers utilisés par la communauté. Celui de Leuven, petite ville dans la ville, a été fondé en 1232.
Pour l’église de l’époque (cléricale et masculine), ces femmes non cloîtrées (donc incontrôlables), qui vivent dans la chasteté sans en avoir fait le vœu, représentent un vrai scandale ! Le mouvement béguinal va donc s’éteindre peu à peu en France et en Allemagne. Mais aux Pays-Bas (qui incluent alors la Belgique actuelle), des ecclésiastiques influents vont comprendre les qualités spirituelles du béguinage et le défendre, jusqu’à le faire reconnaître par l’église : les béguinages vont alors devenir de vraies paroisses autonomes.

Comment vivaient les béguines ?
Les béguines peuvent quitter le béguinage, car elles ne suivent pas les grandes règles monastiques, mais des règlements qui varient d’un béguinage à l’autre. Elles ne font pas vœu de pauvreté, mais vivent très simplement du travail de leurs mains, dans l’industrie drapière naissante ou le travail de la dentelle.
Chaque béguine est indépendante par rapport à ses consœurs. Pour être acceptée dans un béguinage, elle doit disposer d’une rente, ceci pour ne pas être à la charge de la communauté. Elle peut habiter soit seule, en louant une petite maison au béguinage, soit dans une maison communautaire – tout en conservant une large indépendance. Une ou plusieurs « grandes dames » élues par la communauté conduisent l’institution.
" Lorsque les béguines sortaient, elles devaient avoir leur manteau sur la tête, se tenir un peu inclinées et non avoir la tête levée, les yeux baissés, les oreilles fermées à toutes choses qui ne concernaient pas le service de Dieu, les mains couvertes, la bouche fermée pour ne pas médire, surtout des prêtres", précise un règlement du béguinage de Mons, au 14e siècle.
On y entre en général par une grande porte d’accès. Il paraît que ces portes étaient fermées la nuit, à heure fixe, et qu’aucun homme ne pouvait entrer dans l’enceinte passé le coucher du soleil.


Les spécificités du béguinage de Leuven
Cette recherche d’humilité se traduit dans l’architecture : à Leuven comme ailleurs, les habitations sont modestes et se ressemblent beaucoup : l’enclos devait refléter la paix et la quiétude. Ce béguinage est construit sur le principe d’une ville du Moyen-Age : les rues sont parallèles et perpendiculaires. La petite rivière de la Dyle le traverse, ce qui ajoute encore à son charme.
En 1962, l’université de Leuven a racheté le béguinage, alors en mauvais état, et l’a rénové. Aujourd’hui, ce sont des professeurs et des étudiants qui y logent (heureuses gens).

Les ombres s’allongent (nous avons pû profité d’une superbe lumière rasante sur les murs de briques) et il est maintenant l’heure de dîner. Nous nous promenons dans les rues piétonnes du vieux Louvain et je reste scotché devant l’incroyable architecture de la mairie ! (peut-être le plus bel hôtel de ville du monde d’après les Belges)



C’est un véritable bijou du XVe siècle des architectes Sulpicius van Vorst, Jan Keldermans et Matheus de Layens, qui, en voulant rénover le centre historique et souligner la richesse de la ville, sont parvenus à l’une des plus belles œuvres du gothique flamboyant. Le bâtiment compte trois étages couronnés par quatre tours et un toit avec deux tours de faîte, bien que l’attention porte sur la façade, sur laquelle 236 statues, ajoutées au XIXe siècle, nous présentent des personnages célèbres de Flandre comme Charles Ier, Philippe II, les ducs de Brabant et les comptes de Louvain ; Érasme de Rotterdam et l’espagnol Luis Vives, en plus des couples Adam et Ève, Caïn et Abel dans le soubassement d’une des portes latérales.

Les terrasses sont noires de monde et même si les températures baissent sensiblement avec le coucher du soleil, on décident de manger dehors.




Dimanche 2 octobre
En fin de matinée, nous partons visiter Bruxelles (à une trentaine de kilomètres) : une 1ère pour moi !
Nous nous garons tout près du palais de Justice : un bâtiment Ko-lo-sal !!! Plus vaste que la Basilique Saint-Pierre à Rome, il domine Bruxelles. Il était à l’époque le plus grand bâtiment du monde historique et reste aujourd’hui encore l’un des plus grands édifices de pierres de taille de la planète. Il est toujours le plus grand palais de justice du monde et s’organise autour du vide central de la salle des pas perdus avec sa hauteur de cent mètres sous le dôme central.
Nous descendons nous promener dans le vieux Bruxelles et nous nous retrouvons sur la place du marché aux puces. L’occasion de chiner de la vaisselle et des gravures anciennes. Mais la capacité de transport d’Ursula nous contraint à ne rien acheter.
C'est peut être un marché comme celui ci qui a inspiré Hergé pour la maquette de Rackham le rouge

Les aventures de Tintin (90's show): le trésor... par dango-shimura

En ce dirigeant vers l’hôtel de ville, nous croisons des fresques murales réalisées par les plus grands auteurs de BD belge : rafraichissant !
Passage par l’incontournable symbole de Bruxelles : le "manneken-pis. Son nom en dialecte signifiant « le môme qui pisse », est une statue en bronze d’une cinquantaine de centimètres qui est en fait une fontaine. Cette statue est le symbole de l’indépendance d’esprit des Bruxellois.
Il est de tradition d’offrir au Manneken-pis des vêtements à des occasions spéciales notamment pour honorer une profession. La garde-robe actuelle comprend 800 costumes. A notre passage, il était revêtu de la robe de président d’Université, la rentrée des étudiants était toute proche.
Clara préfère la version XXL…
Nous nous dirigeons ensuite vers la Grand-Place et nous passons devant la statue en bronze d’Edouard Tsenclaas. Pour les Belges, elle représente un symbole de la défense des libertés. Au XIVe siècle, il s’opposa au comte de Flandre qui entendait bien faire main basse sur les richesses de la ville, et fut assassiné pour cette raison. Au XIXe siècle, à la création de la Belgique, on lui érigea cette statue. Et depuis cette époque, les Bruxellois ont pris l’habitude de la toucher pour rendre hommage à cet homme courageux et son attachement à la liberté.
Nous arrivons finalement à la Grand-Place. Mondialement renommée pour sa richesse ornementale, elle est bordée par les maisons des corporations, l’Hôtel de Ville et la Maison du Roi. Elle est généralement considérée comme l’une des plus belles places du monde. Elle a été inscrite en 1998 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Lieu historique, elle a vu se dérouler de nombreux évènements heureux ou tragiques. En 1523, les premiers martyrs protestants, Henri Voes et Jean Van Eschen, y sont brûlés par l’Inquisition, quarante ans plus tard, les comtes d’Egmont et de Hornes y sont décapités.
En août 1695, pendant la Guerre de la Ligue d’Augsbourg, la plupart des maisons, dont certaines sont encore construites en bois, sont détruites lors du bombardement de la ville par les troupes françaises. Seules la façade et la tour de l’Hôtel de Ville, qui servait de cible aux artilleurs, et quelques murs en pierre ont résisté aux boulets incendiaires. Les maisons entourant la place furent reconstruites en pierre par les différentes corporations.
Mais nous sommes pris par le temps : il est 16h00 et les ombres commencent à s’allonger. Il nous faut retourner à la voiture, repartir à Louvain et reprendre l’autoroute pour presque 300 km.

En quittant le centre, nous avons quand même le temps d’apercevoir de très jolies galeries couvertes…
et quelques exemples de l’Art Nouveau belge,
Pas le temps non plus de rentrer dans le musée Magritte, juste une photo… Il faudra revenir…
La nuit est tombée quand nous faisons une pause au Luxembourg, mais nous sommes correctement habillés et nous n’aurons pas à souffrir des températures qui avoisinent encore les 10°. Autant l’aller fut très sympa sous le soleil et les petites routes, autant ces 300 km d’autoroute pour le retour parurent longs. Enfin, je me doutais bien que ce serait la derrière virée de l’année alors, j’en ai profité jusqu’au bout. Vivement le printemps !

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